lundi 26 avril 2010

Guernica

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"Ils vont tuer beaucoup de gens, papa?
Personne que tu connaisses, que des étrangers." John Le Carré


L'indifférence à la souffrance de l'autre... L'art parvient parfois à transcender cela.
Devant Guernica, il n’y a pas d’excuses. Le tableau exprime la souffrance elle-même. La dimension abstraite de l'œuvre la rend universelle.

La figure centrale du tableau est un cheval blessé, traversé par une lance, arrêté dans sa course. À gauche, La douleur d’une mère qui pleure son fils dans ses bras, dominée par un taureau, impassible, image de la cruauté et de la force brutale. À droite du tableau, trois femmes désarticulées pleurent et hurlent la tragédie qui les entoure. A l'arrière plan, des formes géométriques sombres évoquent des immeubles effondrés, toile de fond de corps mutilés de guerriers vaincus. Seule une main tendue porte une petite fleur en guise d'espoir, peut-être...
Partout, le chaos, la confusion, la peur de ne rien comprendre.

 Guernica est une des œuvres les plus célèbres du peintre espagnol Pablo Picasso. En 1937, une exposition internationale a eu lieu à Paris. Pour le pavillon de l’Espagne, les responsables ont décidé de commander une fresque à Picasso.  Cependant, Picasso n’arrive pas à trouver l’inspiration et à se décider sur le sujet principal pour le tableau. Doit-il privilégier l’expression artistique comme il avait toujours fait ou plutôt le contenu politique en solidarité avec la souffrance du peuple espagnol ? 
Le 26 avril, un événement tragique va anéantir tous ses doutes : le jour du marché, où les habitants des alentours sont venus nombreux, les bombardements effectués par les aviateurs allemands de la légion Condor vont détruire la ville de Guernica en Espagne, faisant plus de 1500 victimes. 







Le tableau, sera finalement montré dans le pavillon mais n'aura pas l'impact escompté, pas tout de suite, en tout cas. Les critiques allemands iront jusqu'à ridiculiser Picasso, en qualifiant son art d’art dégénéré, d'œuvre de fou, de peinture d’enfant de cinq ans. Après sa présentation en société à Paris, Guernica va faire un véritable tour du monde et deviendra rapidement un symbole de la violence de la répression franquiste avant de se convertir en symbole de l'horreur de la guerre en général. 

Malgré l'insistance de Franco, Picasso s’opposa au retour de la toile en Espagne et donna des instructions très claires à son avocat : la peinture ne devrait retourner en Espagne qu'à la suite d’une transition vers un gouvernement démocratique.
Picasso est mort en 1973 et ce n'est qu'en 1981 que Guernica a été montré pour première fois en Espagne. Il est désormais un des tableaux les plus vus avec celui de la Joconde.
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3 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour cette histoire du tableau bien connu et dont on connait la signification, mais je ne savais pas tout ce que tu nous décris !

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  2. Je vais aller à l'encontre de l'avis universel : je reste indifférente devant cette toile, alors que j'ai gardé en mémoire (j'ai 78 ans) une photo que j'ai vue enfant (j'avais moins de 5 ans) et que ma mère m'avait commentée : à Guernica, une femme en noir court, la bouche ouverte sur un cri muet, les yeux fous d'épouvante, et elle tient dans ses bras une fillette inanimée. J'en reste bouleversée et recherche cette photo que je n'ai pas revue. J'ai détaillé la toile de Picasso, et je ne parviens pas à éprouver de compassion.
    Pardon... J'ai essayé.

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  3. @ Gwen
    Pour ma part je pense que la force de cette toile vient autant du sujet que de sa taille et du choix du noir et blanc. Elle est devenu un symbole plus par le moment politique et artistique de sa création que par sa beauté intrinsèque. Je suis d'accord avec toi qu'il y a des photos qui prennent plus au tripes.

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