jeudi 10 juin 2010

Hommage à un génie oublié

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Les souvenirs du débarquement et de son influence déterminante dans la fin de la seconde guerre mondiale m’ont fait penser à un homme, un génie que vous ne connaissez probablement pas si vous n’êtes pas informaticien, qui a lui aussi joué un rôle déterminant dans la victoire des alliés: je veux parler de Alan Turing.

Né le 23 juin 1912 à Paddington en UK. Dès son enfance, Turing donne des signes d’une grande intelligence.



En 1928, il parvient à entrer au King’s Collège de l’université de Cambridge.

En 1936 il publie un article resté célèbre dans lequel il répond à une question posée par le célèbre mathématicien Allemand Hilbert, celle de la « décision » dans les théories axiomatiques. Il crée à cette occasion le concept de “machine universelle”, ce que tous les élèves d’informatique apprennent à connaître sous le nom de « machine de Turing », présentée comme l’ancêtre de l’ordinateur.

Une machine de Turing est un modèle abstrait du fonctionnement des appareils mécaniques de calcul, tel un ordinateur et sa mémoire, en vue de donner une définition précise au concept d'algorithme ou « procédure mécanique ». Cette machine permet de simuler la logique de n’importe quel algorithme.

Mais revenons à sa contribution à la victoire des alliés :

Pendant la seconde guerre mondiale, Alan Turing est un des acteurs principaux des recherches menées pour casser les codes secrets de la machine Enigma utilisée par les nazis. Il parvient à décrypter le code qui permet à l’Amirauté du Reich de communiquer avec ses sous-marins, permettant ainsi aux alliés d’obtenir un avantage stratégique capital et sauvant probablement de nombreuses vies.

Le travail effectué par Turing pour déchiffrer le code Enigma resta secret jusqu’en 1970, ce qui a nui à sa notoriété.



Il était aussi un excellent sportif et faillit être sélectionné pour les jeux olympiques de 1949.

Après la guerre, Turing mène des recherches sur le calcul automatique. L’informatique est en train de naître mais le mot n’existe pas encore. Il participe à la programmation d’un des tout premiers ordinateurs de l’histoire, le Manchester Mark I qui est évoqué dans tous les cours d’histoire de l’informatique.

Il continue à réfléchir à des problèmes fondamentaux, en particulier sur l’intelligence artificielle. Certains disent qu’il est le père de celle-ci.

C’est en 52 que sa formidable carrière se brise. Accusé par la Police d’« indécence manifeste et de perversion sexuelle », il assume son homosexualité et est inculpé. Il ne peut utiliser les services rendus pendant la guerre pour sa défense car ils sont encore couverts par le secret. A son procès il se voit proposer le choix entre l’incarcération et une castration chimique. Il choisit la seconde solution. Les effets secondaires de ce traitement le transforme physiquement. Il est écarté de tous les projets scientifiques.

En 1954, à 42 ans, il se suicide en mangeant une pomme imbibée de cyanure. Victime de l’homophobie, à l’époque du maccarthysme et de la guerre froide, il a eu le courage de ne pas se renier, ce qui a sans doute joué contre lui.

Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a présenté il y a quelques années seulement des excuses officielles à propos du traitement dont a été victime Alan Turing il y a plus d’un demi-siècle.










Quand la société Apple est née et que son logo s’est répandu : une pomme entamée aux couleurs arc-en-ciel, beaucoup d’informaticiens y ont vu une allusion à Alan Turing et à sa triste histoire. Les dirigeants d’Apple ont démenti mais ce serait sans doute une manière douce de lui rendre justice.

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3 commentaires:

  1. Eh bien je crois que tu viens de lui rendre un bel hommage! Ton article est trés intéressant et trés émouvant! Merci de nous faire connaitre cet homme qui a payé de sa vie son génie, sa différence, son courage et son honnêteté!

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  2. Je suis restée l'autre nuit revoir à la TV le film datant de 1958 "Thé et sympathie" traitant avec courage et pudeur un sujet tabou, l'homosexualité à l'Université...
    Oui, combien de vies brisées... J'ai dans ma famille deux frères jumeaux monozygotes L'un est hétéro, et l'autre, dès ses six/sept ans, nous savions qu'il ne le serait pas... Nous avons su bien avant lui qu'il serait homo, et nous l'avons accepté tel qu'il était. Ils sont heureux tous les deux, chacun avec ses préférences.
    Gwen

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